Vent jaune sur Pékin

15 mars 2021, « vent jaune » sur Pékin, la capitale est plongée dans un épais brouillard de couleur grège,  la visibilité est réduite à centaines de mètres.

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Le « vent jaune »,  黄风 huáng fēng,  est le nom de ces fortes bourrasques chargées du sable du désert de Gobi, situé à seulement quelques centaines de kilomètres de Pékin qui sont fréquentes en Chine du nord au début du printemps.

Cette particularité météorologique a été à l’origine d’une découverte astronomique qui, 2.000 ans plus tard, allait être au coeur d’une grave crise idéologique en Occident.

Lors des épisodes de « vent jaune » l’atmosphère est tellement chargée de particules de sable que l’on peut regarder le soleil en face sans être ébloui, et c’est ainsi que les astronomes chinois ont pu discerner dès le 6° siècle avant notre ère les taches qui parcouraient la surface du soleil.

Ils ont noté le phénomène sans trop s’en émouvoir, après tout la panthère aussi a des taches.

 

 

Cette aquarelle de L. Sabatier, parue dans l’Illustration en 1902, montre bien en passant que le trigramme 巽 xùn, dont l’image naturelle est le vent, n’est pas, quoi qu’en disent certains auteurs, une douce brise.

Le vent jaune à la porte Qian Men

Lunettes de Galilée, source Wikipédia

En 1609, Galilée met au point un télescope astronomique qui lui permet de faire de nombreuses découvertes, parmi lesquelles la présence de nombreuses taches sombres sur la surface de l’astre solaire, alors que la doctrine de l’époque le disait immaculé, puisqu’il était une image de Dieu, qu’on ne pouvait non plus regarder en face.

Les taches solaires se sont retrouvées au cœur du débat sur l’organisation du ciel et l’affirmation par Galilée de la cosmologie héliocentrique (les planètes tournent autour du Soleil) que Copernic avait proposé soixante ans auparavant, réfutant la doctrine géocentrique (le soleil et les planètes tournent autour de la Terre) défendue par l’Église en raison d’une lecture littérale de l’épisode de la Bible dans lequel Josué arrête le cours du soleil (Josué 10-12). Galilée fut finalement condamné en 1633.

Galilée face à son tribunal, source Wikipédia

Trois cent cinquante-neuf ans plus tard,

dans son discours aux participants à la session plénière de l’Académie pontificale des Sciences,

Jean-Paul II a reconnu les erreurs de la plupart des théologiens de l’époque dans l’affaire Galilée.

Cyrille J.-D. Javary, Paris, 16  mars 2021

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