Les trois sagesses chinoises

DAO 道 et dào jiāo 道家

Le taoïsme se nomme en chinois 道教 dào jiào, littéralement « école du dao ». Il est important de regarder d’un peu plus près ce caractère qui lui sert de nom. Souvent en Occident, les écoles philosophiques sont nommées à partir d’un mot bien spécifique et qui n’appartient qu’au seul domaine qu’il désigne.

Ce n’est pas le cas de l’idéogramme dào.

Bien au contraire, c’est peut-être le mot le plus utilisé par les différentes écoles chinoises, de l’Antiquité à nos jours. Pourquoi?

Parce qu’il est inséparable de l’idée de « conduite juste »

Qui est la seule vraie question à laquelle chacune des différentes écoles de pensée ont tenté d’apporter une réponse.

Si le Yi Jing, le Classique des Changements, est considéré comme le livre de base de la culture chinoise, ce n’est pas seulement parce qu’il est le grand livre du Yin et du Yang, mais aussi parce qu’il peut être utilisé comme manuel d’aide à la décision, permettant justement de proposer à chacun, en fonction des circonstances qu’il traverse, la « conduite juste », c’est à dire la stratégie optimale, le dào approprié.

Pour comprendre pourquoi « conduite » est finalement une des significations les plus communes de l’idéogramme  dào, il nous faut regarder d’un peu plus près ses différentes harmoniques.

L’un des premiers à avoir montré que les deux éléments dont l’idéogramme dào est composé sont d’égale importance est le professeur Kyril Ryjik, dans l’Idiot Chinois, T1. Ces deux composants sont 辶 (chuò), signe général de la marche, du mouvement en général, et 首 (shǒu) qui, employé seul, signifie au sens propre « tête, chef, souverain » et au sens figuré « essentiel, capital, principal, originel ».

La combinaison des notions de tête et de mouvement fait apparaître un premier niveau de sens, celui de « chef conduisant la marche » qui, rapidement, amène l’idée de « conduite de la marche » qui, à son tour, conduit à « voie » (voie à suivre parce qu’ayant été tracée par le chef).

Enfin, cette voie qu’a plus alors que peu de chemin à faire pour en venir à signifier « principe » (qui dirige) et, à nouveau par application, « conduite » (à suivre pour s’insérer harmonieusement dans un tout en perpétuel changement.

Le second niveau de sens de l’idéogramme dào est plus social, voire plus politique. Il signifie alors « règle des actions humaines, doctrine, principe », et surtout « conduite », au double sens de ce mot en français: aussi bien le fait de conduire un groupe que celui de se conduire soi-même. Il est alors utilisé pour mettre en rapport la conduite de la société telle qu’elle est entraînée par la conduite de son souverain, et la conduite desa famille par celle du père.

Si toutes les écoles philosophiques chinoises utilisent donc le mot dào au sens de « conduite », la grande divergence se fait entre les confucéens qui considèrent cette conduite comme devant s’engendrer dans le domaine politique, par les comportements personnels vertueux, et les taoïstes qui pensent trouver la conduite juste loin de la société, dans la spontanéité naturelle.

Car c’est uniquement dans le contexte spécifique du taoïsme que ce caractère prend une fonction particulière.

Il y sert en effet de pseudonyme désignant  le mouvement spontané qui anime tout ce qui existe.

Mais ce n’est qu’un pis-aller et les taoïstes n’en sont pas dupes. D’ailleurs, nous sommes avertis dès le premier paragraphe que ce dont traite de Dao De Jing est par nature bien au-delà des mots :

« Voie qu’on énonce N’est pas la Voie

Nom qu’on prononce N’est pas le Nom (…) »

Quelles sont les valeurs éthiques et spirituelles des Chinois, et en quoi peuvent-elles nous parler ?

Les mots « dieu », « esprit », « immortalité » ont-ils pour eux le même sens qu’en Occident?

Le taoïsme, le confucianisme et le bouddhisme sont-ils des croyances, des philosophies, des sagesses ? À partir de sa connaissance intime de la Chine, Cyrille Javary, auteur d’une monumentale traduction du Yi Jing, nous introduit à la perception qu’ont les Chinois eux-mêmes de leur univers spirituel et nous donne les clefs pour l’appréhender. Du chamanisme archaïque et toujours vivace aux cultes contemporains, tel celui de Mao, en passant par les enseignements de Lao Zi et de Confucius, il retrace avec clarté une histoire plurimillénaire de rivalités  autant que de dialogues et d’influences. Surtout, il nous montre ce que ces sagesses ont d’universel.

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