100 mots pour comprendre les Chinois

VIVRE 生 shèng

Peu de peuples révèrent autant la vie que les Chinois.

C’est un des fondements de leur culture.

Pas la vie en tant que réalité objective, mais le fait de se sentir vivant, c’est-à-dire habité par la vie qui anime tous les êtres de la nature.

Aussi, pour écrire cette perception unitaire prendront-ils pour modèle sa manifestation la plus vivifiante, le retour du printemps : l’éclosion des nouvelles pousses. 

L’idéogramme 生 shèng qui écrit cela représente une plante enracinée dans le sol (le trait horizontal en bas) et dont la tige centrale (le trait vertical) a déjà produit deux embranchements (les deux traits horizontaux supérieurs) dont l’éclosion d’un bourgeon nouveau est soulignée par la virgule en haut à gauche.

Écrire l’idée de « vivre » avec la représentation d’une pousse printanière est plus qu’une image, c’est un manifeste philosophique : la vie n’est pas un état, mais une continuelle renaissance.

Le caractère vivre, en effet, ne représente pas une pousse sortant de terre, la plante qu’il dessine a déjà vécu et vivra encore tout au long du cycle sans commencement connaissable, ni fin prévisible de la ronde des saisons.

Cette foi intense dans l’éternité de la vie a inspiré de nombreux poèmes,

tel ce quatrain de Bai Juyi, traduit par François Cheng : 

Herbes tendres à travers la plaine

Chaque année se fanent et repoussent

Les feux sauvages n’en viennent point à bout

Au souffle du printemps elles renaissent

Pour nous ouvrir les portes de l’univers et du mode de penser chinois, Cyrille Javary s’est livré à une sorte d’inventaire à la Prévert en racontant les mille et une histoires que contiennent les idéogrammes. Conçus il y a trente-cinq siècles, restés inchangés dans leurs principes, ces signes, qui sont des dessins d’idées, véhiculent des valeurs tout en suivant une logique singulière. Comment font donc les Chinois pour écrire les produits de la modernité tels que Coca-Cola, e-mail ou laser ? Et quels caractères utilisent-ils pour désigner les idées nées en Occident comme « république », « jeux olympiques » ou « liberté » ?
C’est à ce jeu réjouissant et instructif que nous invite Cyrille Javary : découvrir les multiples facettes d’un pays par son idéographie, sans avoir besoin d’apprendre à parler, voire à écrire, la langue chinoise moderne.

 

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